Selon les chiffres communiqués la semaine dernière, le Produit intérieur brut (PIB) a à peine progressé au quatrième trimestre de 0,3% par rapport au trimestre précédent. Pourtant, l’emploi progresse en Suisse, sans interruption depuis dix ans.
À la fin de l’année dernière, le pays dénombrait ainsi 3700 places vacantes de plus qu’un an auparavant. Entre octobre et décembre, le nombre de places de travail a augmenté dans l’industrie et dans les services. Alors l’économie est-elle vraiment en train de ralentir?
“C’est vrai qu’il y a eu un ralentissement, mais heureusement, l’économie suisse a continué à croître. Les entreprises ont créé plus de valeur, et du coup, au moins dans quelques branches, elles ont réussi à créer des emplois. Mais à l’heure qu’il est, en ce début d’année, on peut vraiment partir du principe que ça passe ou ça casse. On va peut-être vers une baisse de l’emploi, à cause de l’incertitude créée par le coronavirus”, estime dans La Matinale lundi Michael Siegenthaler, économiste au KOF, le centre de recherches conjoncturelles de l’EPF Zurich.
“Il y aura davantage de chômeurs”
“Il y aura davantage de chômeurs, ça ne fait aucun doute. Car contrairement à ce que laissent penser les chiffres, l’orage du coronavirus a éclaté dans un ciel déjà nuageux, sur le front de l’emploi”, s’inquiète Sergio Rossi, professeur d’économie à l’Université de Fribourg.
“Le nombre de places de travail créées a augmenté, mais la qualité des emplois n’a sans doute pas été améliorée. J’imagine que la plupart des nouvelles places de travail créées sont des places précaires, aussi en ce qui concerne le salaire. Donc tout ceci pèse sur la consommation domestique. Je pense que le panorama est assez négatif et les perspectives ne sont pas meilleures”, explique encore Sergio Rossi, qui s’attend à des pertes d’emplois dans l’industrie d’exportation. Des pertes qui ne seront pas compensées par des créations de postes dans d’autres secteurs.
Guillaume Meyer/vkiss
>> Revoir aussi l’épisode d’Alter Eco sur ce sujet: