
À Genève, l’agence spécialisée de l’ONU a revu ses prévisions à la hausse. Il y a un mois, l’OIT estimait la destruction potentielle d’emplois à 305 millions d’équivalent plein temps (EPT, comptés sur une semaine de 48 heures) dans le monde. Ce volume se décline entre les réductions d’heures de travail, soit le chômage technique, et les licenciements.
Cela représente donc une diminution de près de 15% en moyenne mondiale par rapport à la fin 2019, relève l’organisation dans sa 5e évaluation depuis le début de la pandémie de coronavirus. “C’est une large augmentation”, a admis devant la presse le directeur général Guy Ryder, estimant qu’un retour aux chiffres d’avant la crise ne serait pas possible cette année.
La situation s’est particulièrement dégradée sur le continent américain, le plus affecté par la pandémie, avec un recul de 18,3%. En Europe, 13,9% des places de travail ont été détruites. Suivent l’Asie/Pacifique (13,5%) et l’Afrique (12,1%), pourtant peu touchée par la pandémie selon les chiffres officiels connus.
Femmes plus exposées
L’immense majorité (93%) des travailleurs impactés habitent dans des pays confrontés à des fermetures de bureaux et des commerces. “Il y a une corrélation claire” entre les zones où les cas sont les plus élevés et l’effet pour l’emploi, relève Guy Ryder. Oeuvrer à éviter la propagation du virus constitue, selon lui, “une précondition” pour une amélioration sur le marché de l’emploi, et ceux qui ont tardé feront face à un impact plus important à long terme.
Les femmes ont été plus affectées par la crise, souligne encore l’OIT. Au total, 40% des femmes oeuvrent dans les branches les plus touchées, contre seulement moins de 37% des hommes, relève l’organisme, qui redoute que les avancées sur l’égalité des sexes sur le marché du travail soient perdues en raison de la crise. Elles sont aussi davantage représentées dans le travail domestique, qui les expose davantage à des pertes de revenus et à des menaces d’infection.
afp/jop