
Les accords de libre-échange que la Suisse négocie actuellement avec une quarantaine de pays, dont les Etats-Unis et le Brésil, seraient-ils par définition mauvais pour l’écologie? “Cette objection est la plus légitime”, selon François Gabella, membre d’economiesuisse et vice-président de Swissmem, la faîtière suisse de l’industrie des machines.
“Il est tout à fait compréhensible que la population suisse – qui souhaite appliquer des standards écologiques, sociaux ou démocratiques – se soucie de s’approvisionner dans des pays qui partagent ces objectifs”, précise-t-il lundi dans la Matinale.
“Il y a deux voies philosophiquement différentes pour y arriver. La première, c’est de se poser en modèle mondial et de refuser de commercer avec quiconque ne respectant pas ces standards, c’est une manière de faire. Mais je doute fortement que la Suisse arrivera à infléchir des politiques de pays comme l’Indonésie – un pays de 200 millions de personnes, alors que nous ne sommes que 8 millions – ou les Etats-Unis et l’Inde, par exemple”.
L’exemple de l’Indonésie et de l’huile de palme
“La deuxième voie, qui est à mon avis pragmatiquement la meilleure et la plus efficace, c’est au contraire de commercer avec ces gens-là et de saisir l’occasion de ces dialogues tout à fait ouverts et francs avec ces pays, pour leur monter que le respect de ces standards ne sert pas juste à nous tranquilliser la conscience, mais qu’au contraire, cet aspect permettra à ces pays de faire des progrès”.
François Gabella donne l’exemple des discussions entre la Suisse et l’Indonésie et d’autres pays qui ont fait pression sur elle: “L’Indonésie est en passe de comprendre notamment que la déforestation de forêts tropicales causées par la culture de l’huile de palme est une mauvaise chose pour eux.”
Pour rappel, plusieurs organisations ont d’ailleurs lancé la semaine passée à Berne un référendum intitulé “Stop huile de palme” visant à empêcher la ratification de l’accord de libre-échange avec l’Indonésie. Le combat des référendaires va au-delà de l’huile de palme.
“Un nouveau label de durabilité dans la production de l’huile de palme est en train d’émerger et ce label – selon les études de l’EPFL – montre qu’il est possible de cultiver cette huile de palme de manière socialement ou écologiquement responsable. La voie du dialogue vaut mieux que celle du paternalisme”, conclut François Gabella.
Interview radio: Julien Bangerter
Adaptation web: Stéphanie Jaquet