L’Allemagne a décidé d’agir contre les propos haineux se trouvant sur des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter. Des amendes de plusieurs dizaines de millions d’euros pourront être prononcées à l’encontre de ces multinationales. Et ce n’est pas du luxe.
On se rappelle encore l’expérience instructive menée par Microsoft en créant un avatar, nommé Tay, qui symbolisait une adolescente sur Twitter. Derrière Tay se trouvait une intelligence artificielle qui devait apprendre à communiquer en se nourrissant des tweets qu’elle recevait. En moins de 24 heures, elle s’était transformée en une créature raciste, homophobe et sexiste. Microsoft a immédiatement fermé le compte et clos cette expérience, qui en dit long sur les propos qui s’échangent sur les réseaux sociaux et sur le caractère et l’humanité de celles et ceux qui les mettent en ligne.
Doit-on donc attendre, comme le demande l’Allemagne, que les instances qui dirigent les réseaux sociaux y fassent également le ménage, à défaut de modération? La question est justifiée, à l’époque où ces plateformes servent à recruter pour des mouvements armés extrémistes, à faire l’apologie de théories complotistes et à s’en prendre allègrement aux minorités que les droits démocratiques et humains sont censés protéger
C’est dans ce contexte très spécifique que le nouvel arrivé sur les réseaux sociaux, Mastodon, peut être préoccupant. Contrairement à Facebook et consorts, qui mettent à la disposition de leurs utilisateurs un seul serveur sur lequel ils ont la main et grâce auquel ils accèdent aux données de leurs clients, Mastodon est en open source. Cela signifie que son code est ouvert à tous et que tout le monde peut le modifier. Son principe est relativement simple et s’inspire de Twitter: ses abonnés peuvent y poster des messages de 500 caractères (140 pour Twitter). Les ressemblances s’arrêtent là. Pour fédérer une réelle communauté d’utilisateur, Eugen Rochko, le concepteur de Mastodon, a créé son site de microblogging dans un esprit fédéraliste. On peut y accéder via l’adresse Mastodon.social, mais on peut aussi créer un site Mastodon personnalisé en l’hébergeant sur autre serveur. Ces sites propres, nommés instances, sont en principe ouverts entre eux, mais il est possible de les fermer pour en faire un usage exclusif. On peut ainsi créer des plateformes privées. Mastodon va-t-il cependant parvenir à se développer?
On peut en douter, son instance centrale Mastodon.social étant actuellement fermée pour réussir à absorber l’afflux de ses nouveaux abonnés. La demande existe donc pour des réseaux sociaux qui ne sont pas dans les mains d’un seul groupe, mais ces initiatives ne résolvent pas la question de la gestion des contenus problématiques, bien au contraire. Dans un monde idéal, la modération des commentaires devrait se faire au sein d’une communauté ou entre les communautés. L’expérience a montré jusqu’ici que ce n’est qu’un vœu pieu.